Le marasme de Mademoiselle Alicia

La haine à sens unique

Elle est en boucle. Lui, lui, encore lui et surtout lui. Elle s’époumone avec le même sujet : lui.

Elle trouve des occasions de parler de lui à qui veut bien entendre. Peu importe qui, elle a besoin de déverser sa haine.

Elle ressasse sans cesse les épisodes des quelques échanges qu’ils ont eu. Ils furent pourtant brefs et disséminés.

Une chanson, un livre, une référence, l’évocation de son nom et son corps se tend. Connard et fils de pute. Ça sort de sa bouche comme un mec qui a la tourette

Il maîtrise l’art et la manière de louvoyer au gré de ses intérêts, quand elle sait à peine nager parmi les requins. Il lui a fait mal pour éviter l’échafaud.

La vérité c’est que les coups bas, la trahison au fond elle s’en fou. Il est comme la plupart des mecs de son espèce : un salaud. Ce qui l’a défrise c’est l’indifférence qu’elle lui inspire. C’est une haine qui se joue en solo. Elle voudrait un duo. Elle veut qu’il l’a déteste, qu’à la simple évocation de son prénom il ait des bouffées de colère.

Elle voudrait qu’elle soit quelque chose pour lui : un mauvais souvenir, un cauchemar, une épine dans le pieds … Tout sauf cette absence de sentiment.

Lui il ne parle jamais d’elle, non pas par pudeur ou retenue, juste parce qu’elle n’est rien à ses yeux. Pour lui elle deviendra un vague souvenir, dont on peinera à se rappeler le prénom.

Elle aurait voulu qu’il lui dise au revoir. Elle lui aurait laissé le choix : un grand pardon salutaire ou une haine viscérale. A la place rien. Elle aurait préféré qu’il l’insulte, qu’ils se nourrissent d’une haine mutuelle. Tout sauf ce putain de mépris.