Le marasme de Mademoiselle Alicia

La pourriture

La pourriture,

Le méchant est facilement reconnaissable, il a la gueule de travers, un rire sournois et il se mange un game over à la fin de la partie. Pas de place au doute : c’est soit tout noir, soit tout blanc. Les bons et les mauvais.

Enfin, dans la vrai vie la pourriture se fait polymorphe : elle peut être jolie, avoir la voix chantante et la peau douce. Très loin de Javotte et Anastasie.

Il y a des degrés de pourritures : il y a le bon gros salaud de chez Perrault et les autres. Ta cruauté, la mienne, la sienne et la notre.

La putasserie du quotidien, c’est ce collègue qui apprend que tu te fais licencier et va voir ton chef pour récupérer ton bureau. Ton cadavre est encore tiède que le vautour veut déjà te grailler.
Ce sont tes potes qui s’extasient sur leur prochain projet humanitaire pour les enfants en Afrique, alors qu’ils enclenchent les essuie-glaces dès qu’un petit rom vient armer de son savon et de son balai.
C’est toi qui mets tes écouteurs pour ne pas écouter le énième clochard du rer qui te dis qu’il n’a pas mangé depuis trois jours. Tu ne peux pas donner à tout le monde, mais un regard ça n’a jamais appauvri personne.
C’est elle qui mitraille avec sa bouche, elle s’est où piquer pour que ça fasse mal. T’avais pas qu’à lui confier ta vie.
C’est lui qui pourrait parler à son pote de cette opportunité, mais il n’y a pas de gagnant sans perdant.
C’est toi qui juge tout et tout le monde, tu te sens puissant. T’as un petit sentiment de supériorité. T’as un peu de culture, un peu de vocabulaire. T’as un petit poste à responsabilité, t’es un petit chef. T’as l’impression que les 3 sbires que t’encadrent te vénèrent. Or, comme tout le monde ils doivent grailler et comme toi ils font semblants.